le chemin de fer algérien, d’un instrument colonial de pillage à un levier stratégique de développement national
L’évolution du réseau ferroviaire algérien : Un outil de développement crucial
Depuis l’indépendance en 1962, le réseau ferroviaire algérien, hérité d’un système colonial axé sur l’exploitation des ressources, a progressivement évolué vers un instrument de développement économique et d’intégration territoriale. Ce changement est non seulement un reflet de la volonté politique, mais également une nécessité pour le renforcement de l’industrialisation dans le pays.
Historique et contexte
La première ligne ferroviaire en Algérie a été inaugurée au milieu du XIXe siècle, reliant Alger à Blida. Cette infrastructure, ainsi que d’autres lignes minières comme celle reliant la mine de fer de Kherraza au port d’Oued Sébouse, avait pour but d’optimiser l’extraction et l’exportation des ressources naturelles au détriment du développement local.
L’ère post-indépendance
À l’indépendance, l’Algérie a hérité d’un réseau ferroviaire obsolète et disjoint, nécessitant une réforme substantielle. Le gouvernement a mis en place un programme spécial de modernisation et d’extension, permettant de réhabiliter les infrastructures existantes et d’élargir le réseau à d’autres régions du pays. En 2007, l’ANESRIF (Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires) a été créée pour orienter les projets de développement dans le secteur.
Projets clés et modernisation
Depuis les années 2020, le secteur ferroviaire a connu un regain d’activité, marqué par l’élargissement du réseau national. Le gouvernement algérien s’est engagé à promouvoir un transport durable, visant à atteindre 6.500 km de ligne à court terme, avec un objectif ambitieux de 15.000 km d’ici 2030.
Des projets phares incluent la ligne des Hauts Plateaux (1.000 km), reliant Tébessa à Sidi Bel Abbès, ainsi que la modernisation du corridor Nord et plusieurs lignes minières stratégiques. En 2024, un groupe public a été constitué, englobant diverses entreprises spécialisées, pour assurer la bonne gestion de ces projets d’envergure.
Corridors stratégiques et développement industriel
Le développement du réseau ferroviaire passe aussi par le raccordement des zones industrielles, incluant des cimenteries, des silos et des dépôts de carburant. L’État investit également dans des systèmes de signalisation et de gestion électronique, soutenus par des partenariats internationaux. Un budget considérable a été alloué à l’acquisition de matériel roulant moderne, incluant des locomotives et des trains de passagers climatisés.
Amélioration des services
Un programme national de réhabilitation vise la modernisation de 75 gares, afin d’améliorer l’expérience des usagers. Parallèlement, l’Algérie travaille à connecter le Sud du pays au réseau ferroviaire, par l’intermédiaire de cinq corridors stratégiques, dont l’un reliera Alger aux frontières nigériennes sur une distance de 2.439 km.
Perspectives d’avenir
À mesure que ces projets avancent, le réseau ferroviaire est appelé à renforcer la liaison Nord-Sud et à soutenir une croissance équilibrée et inclusive. En attendant l’achèvement complet des infrastructures, le réseau ferroviaire reste un pilier essentiel dans la stratégie de diversification économique de l’Algérie. Il constitue un moyen de transport efficace, durable et bénéfique aussi bien pour les citoyens que pour les investisseurs.
Ainsi, l’évolution du réseau ferroviaire algérien ne se limite pas à des considérations techniques ; elle incarne une ambition nationale visant à transformer un héritage colonial en atout stratégique pour un avenir prometteur.

