Le massacre de 118 civils innocents, il y a 66 ans à Ghar Ouchetouh : au paroxysme de l’horreur
Le Massacre de Ghar Ouchetouh : Une Tragédie Oubliée
La grotte de Ghar Ouchetouh, une cavité naturelle située à flanc de montagne près de Taghit, dans l’actuelle commune de Taxlent, en Algérie, est le site d’un massacre impensable. Il y a 66 ans, les 21, 22 et 23 mars 1959, l’armée française a froidement assassiné 118 civils désarmés, principalement des femmes et des personnes âgées, en recourant à des armes prohibées comme des gaz chimiques. Cet acte de violence inouïe a marqué un tournant tragique dans l’histoire de la guerre d’Algérie, symbolisant les atrocités infligées par la colonisation.
Des témoins et survivants du massacre évoquent encore ces jours sombres, où des populations locales se sont réfugiées dans la grotte, croyant qu’elle leur offrirait une protection contre les raids militaires français. Mohamed Frik, l’un des témoins, rapporte que l’attaque a généré des scènes d’horreur incommensurables, avec des corps entassés et des personnes mortes par suffocation à cause des gaz. La tragédie a été intensifiée par l’explosion de deux jeunes hommes ceinturés d’explosifs, entraînant l’effondrement des parois de la grotte et la mort de nombreux malheureux.
Ce refuge, initialement utilisé pour abriter les combattants et les blessés durant la Révolution, a été transformé en un lieu de massacre après la découverte de sa présence par les forces coloniales. Les témoignages soulignent que des bombardements successifs ont été effectués dans la grotte avant le déclenchement de l’offensive terrestre, entraînant un bilan macabre.
Les événements ont débuté lorsque des militants de la résistance ont aperçu un hélicoptère français, provoquant une panique qui les a poussés à fuir vers la grotte. Mais cela s’est avéré être une grave erreur, car ils ont été rapidement encerclés par les troupes françaises. Les attaques ont été incessantes et ont culminé avec le massacre du 23 mars, qui a laissé la grotte jonchée de corps.
De nombreux corps des victimes restent dans la grotte, inaccessibles en raison des rochers déplacés par les explosions et la réaction militaire. Certains ont néanmoins été récupérés et enterrés au cimetière des Martyrs de Tinibaouine. Le Dr Yazid Bouhenaf, historien à l’université de Batna, a qualifié ces atrocités de crimes contre l’humanité, appelant à un besoin urgent de mémoire collective face aux horreurs du passé colonial.
En reconnaissance de cet événement tragique, le ministère des Moudjahidine a alloué 5 millions de DA pour la réhabilitation d’un monument en mémoire des martyrs de ce massacre. Nawal Boukhabia, directrice du secteur au niveau de la wilaya, a indiqué que la réhabilitation vise à préserver la mémoire de ceux qui ont perdu la vie et à rappeler l’horreur des massacres coloniaux.
Le projet de réhabilitation inclut la restauration du monument et l’agrandissement de la zone environnante, ainsi que la création d’une stèle portant les noms des 118 martyrs. Des efforts sont également en cours pour rendre le site plus accessible par un chemin d’accès amélioré, permettant ainsi aux futures générations de se souvenir et de rendre hommage à ceux qui ont souffert durant ce chapitre sombre de l’histoire algérienne.
Finalement, la grotte de Ghar Ouchetouh ne représente pas seulement un souvenir tragique, mais elle symbolise également la résilience d’une nation face aux injustices passées. Elle est devenue un lieu de mémoire essentielle pour l’Algérie, rappelant les sacrifices immenses consentis durant la lutte pour l’indépendance et l’importance de préserver cette mémoire pour les générations futures.