le jour de l’indépendance, de la prison à la vie
ORAN – Les Derniers Jours Avant l’Indépendance Algérienne
Les derniers jours précédant le recouvrement de la souveraineté nationale, le 5 juillet 1962, demeurent gravés dans la mémoire des Moudjahidine, particulièrement ceux condamnés à mort. Dans les prisons sous le contrôle colonial français, une atmosphère d’attente mélangeant espoir et joie dominait, alors que la perspective d’une victoire éclatante et de l’indépendance se rapprochait, après des années de souffrances et de sacrifices.
Benayad Kaddour, Moudjahid et président de l’Association nationale des anciens condamnés à mort, rappelle comment, dans les prisons de Serkadji à Alger et de Lambèse à Batna, une immense joie était ressentie à l’idée de voir la fin du colonialisme. Cependant, une inquiétude persistait quant aux éventuelles représailles des colonisateurs. Pour Kaddour, le simple fait d’imaginer échapper à la peine de mort était comme un rêve. Il se souvenait que ces prisons, où ils avaient vécu l’enfer, ouvriraient un jour leurs portes pour leur permettre de sortir.
Les informations disponibles pour les Moudjahidine dans les prisons étaient rares, mais l’espoir d’indépendance et l’expulsion des colonisateurs français constituaient leur principale source de motivation morale. Les geôliers français tentaient de diminuer cet espoir en diffusant de fausses nouvelles sur des défaites de l’Armée et du Front de Libération Nationale. Malgré ces manœuvres, l’annonce de l’indépendance imminente en mars 1962 a constitué un tournant majeur. Les exécutions avaient cessé, bien que les geôliers continuaient de manipuler la guillotine comme un instrument de torture psychologique.
Aidine Mekki, un autre Moudjahid ayant participé à la même opération que Kaddour, a évoqué l’annonce de l’indépendance comme un "retour à la vie", soulignant qu’ils se sentaient comme morts dans les prisons, asservis par des tortures quotidiennes. Les centres de détention, marqués par des représailles indicibles, étaient des lieux de barbarie où les détenus subissaient des tortures physiques et psychologiques.
Khodja Mohamed, également condamné à mort et transféré dans une prison située en France, a souligné que l’annonce de l’indépendance était une lueur d’espoir promettant justice et liberté. Originaire de Sidi Bel Abbes, il avait perdu de nombreux membres de sa famille durant la lutte pour la libération. Les tortures infligées en France dépassaient l’imaginable, et même après l’interruption des exécutions, ils vivaient une mort lente dans les cellules à travers la faim et la brutalité.
Malgré ces épreuves inhumaines, les Moudjahidine restaient convaincus que la lutte du peuple algérien pour la liberté ne faiblirait pas. Leur foi en la victoire du Front de Libération Nationale leur offrait la force nécessaire pour supporter les souffrances. Ils rêvaient de revoir leurs familles et de participer activement à la construction d’une Algérie libre, un rêve qu’ils ont finalement réalisé.
Ces témoignages poignants de Kaddour, Mekki et Khodja illustrent non seulement la souffrance endurée par les Moudjahidine, mais aussi la résilience et l’espoir qui ont émergé du désespoir. À l’aube de l’indépendance, cette foi inébranlable en la libération et la dignité a caractérisé l’esprit d’une génération dédiée à la lutte pour la liberté et l’identité nationale.
En célébrant le 63e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, il est essentiel de reconnaître et de se souvenir des sacrifices des Moudjahidine, qui ont affronté l’inimaginable afin de permettre à leur peuple de vivre libre.
