L’Aïd El-Fitr, une fête à renouer avec les us ancestraux à Ghardaïa
Préparatifs de l’Aïd El-Fitr à Ghardaïa
À Ghardaïa, la célébration de l’Aïd El-Fitr commence par des préparatifs soigneux, révélant l’importance de cette fête religieuse dans la culture locale. Les traditions, fortement ancrées dans la société, sont transmises de génération en génération, et chaque foyer s’emploie à donner à cette occasion sa pleine valeur socioreligieuse.
Activités Préparatoires et Traditionnelles
Dans la ville de Guerrara, située à 120 km au nord de Ghardaïa, les familles s’activent déjà pour l’occasion. Elles parcourent les commerces à la recherche de vêtements neufs, notamment l’« Abaya » (ou Guendoura) et la Chéchia, souvent choisies en blanc pour symboliser la pureté, la tolérance et la solidarité. Un membre d’une association culturelle, Cheikh Benali Taleb Mebarak, souligne que l’achat de vêtements et de jouets pour les enfants est une manière d’apporter joie et partage, y compris avec les orphelins pendant le mois de Ramadan.
Les femmes, en particulier, jouent un rôle crucial dans ces préparatifs. Lamine Benali, un jeune de la région, raconte comment les ménagères s’activent dès l’aube, après la prière de l’El-Fedjr, pour préparer et distribuer du pain fait maison en aumône aux voyageurs et aux enfants, un acte de générosité profondément ancré dans les coutumes locales.
À Métlili, un autre secteur de la wilaya, les traditions diffèrent légèrement mais tout autant significatives. Là, il est courant que le fiancé prépare un couffin rempli de cadeaux à offrir à sa future épouse, cimentant ainsi leur union dans le respect des rites locaux. De plus, la tradition d’observer le croissant lunaire pour marquer la fin du mois de jeûne est également pratiquée, souvent signalée par des coups de feu.
Esthétique et Gastronomie
Les célébrations de l’Aïd El-Fitr se caractérisent non seulement par la spiritualité, mais aussi par des rituels de beauté. Les femmes utilisent des produits naturels, comme le henné, pour se parer les mains et les pieds. La gastronomie occupe une place de choix, avec la préparation de pâtisseries traditionnelles telles que le Makrout et la Temina, en plus de partager des produits comme le lait et les dattes. Ces délices sont souvent offerts aux familles défavorisées lors de la nuit du destin, la 27ème nuit du Ramadan.
Célébration du Jour de l’Aïd
Le jour même de l’Aïd, tous les fidèles revêtent une Gandoura blanche et se rendent aux mosquées pour la prière de l’Aïd. Cette prière est suivie d’échanges d’accolades et de souhaits entre amis et connaissances, renforçant ainsi les liens communautaires. Le deuxième jour de l’Aïd est également chargé de significations. Les femmes se rendent traditionnellement au cimetière pour honorer la mémoire de leurs défunts. Après cette visite, elles se retrouvent chez des proches pour partager des plats sucrés et du thé.
Les actions de bienfaisance ne s’arrêtent pas là. Le président d’une association des arts de Métlili, Youcef Yahia, mentionne que durant ce jour, les citoyens et les collectivités offrent leur aide aux patients des hôpitaux en leur apportant des cadeaux symboliques. Cela représente un bel exemple d’entraide, contribuant à renforcer la cohésion sociale tout en apportant réconfort aux plus vulnérables.
Conclusion
Ces traditions qui entourent l’Aïd El-Fitr à Ghardaïa sont empreintes de significations profondes et de valeurs de partage et d’entraide. Les préparatifs reflètent non seulement une stabilité culturelle, mais aussi un engagement permanent des communautés à préserver et à célébrer leurs pratiques, passant par des gestes de solidarité envers les plus démunis. La fête, bien plus qu’un simple moment de réjouissance, devient ainsi une expression vivante de la cohésion sociale et du respect des valeurs religieuses. Dans une époque où de nombreux traditions s’effacent, à Ghardaïa, ces coutumes sont vigoureusement entretenues, garantissant que l’esprit de l’Aïd El-Fitr perdure et continue à rapprocher les gens.
