Keltoum : La pionnière de l’interprétation féminine au théâtre et au cinéma algériens

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Keltoum, la doyenne de l’interprétation féminine au théâtre et au cinéma algériens

Keltoum : Pionnière de l’art algérien

Keltoum, de son vrai nom Aisha Adjouri, est une figure emblématique de la scène artistique algérienne, reconnue pour sa contribution significative au théâtre, au cinéma, et à la télévision. Née à Blida le 4 avril 1916, elle est considérée comme l’une des premières femmes algériennes à braver les conventions sociales de son époque pour s’imposer sur la scène artistique, ouvrant ainsi la voie à de nombreuses femmes artistes qui ont suivi son exemple.

Dès son jeune âge, Keltoum a dû faire face à des préjugés familiaux et sociétaux qui étaient hostiles à l’idée que des femmes puissent faire carrière dans les arts. Cependant, c’est sous l’égide de Mahieddine Bachtarzi, une légende de l’art algérien, qu’elle a découvert sa passion pour le chant, la danse et le théâtre. Cet encouragement, reçu au début des années 1930, a marqué le début d’une carrière qui allait être aussi variée que fructueuse.

Après ses débuts au théâtre, Keltoum a réussi à s’imposer dans des productions majeures, affirmant son talent dans plusieurs pièces notables. En 1947, elle a été une des premières artistes à rejoindre l’Opéra d’Algérie, confirmant ainsi son rôle de pionnière dans un milieu alors principalement masculin. Elle a enregistré plusieurs disques de musique durant les années 1940 et 1950, tout en continuant à performer sur scène.

Une carrière prolifique au cinéma et au théâtre

Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, Keltoum n’a pas perdu de temps pour reprendre son activité artistique. Elle a rejoint en 1963 le Théâtre national algérien, contribuant à la création d’un nouvel élan culturel dans le pays. Son premier rôle post-indépendance a été dans la pièce "Mariage par téléphone".

La carrière cinématographique de Keltoum a débuté en 1966 avec le film "Le Vent des Aurès" réalisé par Mohamed Lakhdar Hamina. Ce film, qui aborde la réalité des femmes rurales algériennes sous le joug colonial, a été un tournant dans la carrière de Keltoum. Le personnage qu’elle incarne, une mère à la recherche de son fils emprisonné, laisse une empreinte inoubliable dans l’histoire du cinéma algérien. La popularité du film était telle qu’il a été récompensé par le prix de la Première Œuvre au Festival de Cannes en 1967.

Keltoum a ensuite collaboré avec Hamina sur d’autres productions emblématiques telles que "Décembre", "Hassan Terro", et "Chronique des années de braise", qui a remporté la Palme d’Or au Festival de Cannes en 1975. Ces films ont solidifié sa réputation d’actrice talentueuse, capable de porter des rôles lourds et complexes.

Au-delà du cinéma, Keltoum a marqué le théâtre algérien avec des rôles dans plus de soixante-dix œuvres théâtrales, affirmant sa polyvalence et son engagement envers l’art. La pièce "Les Concierges" de Rouiched, qu’elle a jouée en 1991, a constitué son ultime apparition sur scène avant d’annoncer sa retraite.

Un héritage durable

Keltoum est décédée le 11 novembre 2010, laissant derrière elle un héritage riche et une carrière jalonnée de succès. Sa bravoure en tant que femme artiste au cœur d’une société conservatrice a non seulement pavé le chemin pour d’autres femmes dans les arts, mais a également contribué à redéfinir le rôle des femmes dans la culture algérienne. Sa vie et son œuvre continuent d’inspirer de nombreuses générations d’artistes, témoignant de son impact incontestable sur la scène artistique algérienne.

En résumé, Keltoum est plus qu’une simple artiste ; elle est une pionnière qui a défié les normes de son temps, a exploré les limites de l’expression artistique, et a laissé un héritage durable qui continue d’influencer les artistes algériens d’aujourd’hui. Sa vie et son oeuvre restent des symboles de détermination et de créativité dans un monde en constante évolution.

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