Des eurodéputés mettent sur liste noire un cabinet d’affaires danois recruté par le Makhzen
Controverse sur le lobbying en faveur du Maroc : Les eurodéputés nordiques s’élèvent contre le cabinet Rud Pedersen
Des eurodéputés représentant les pays nordiques ont récemment exprimé leur indignation envers les actions du cabinet danois Rud Pedersen, engagé par le Maroc pour promouvoir ses produits halieutiques et agricoles issus du Sahara occidental, territoire occupé illégalement. Dans une déclaration frappante, ces parlementaires ont annoncé leur intention de placer le cabinet sur liste noire jusqu’à ce qu’il rompe tout lien avec ce qu’ils qualifient d’occupation "illégale et immorale".
Les eurodéputés, incluant Per Clausen (Danemark), Hanna Gedin (Suède), Jonas Sjostedt (Suède) et Jussi Saramo (Finlande), ont exprimé leur déception face à l’engagement du cabinet, soulignant que collaborer avec un pouvoir occupé, directement ou indirectement, ne serait pas seulement conforme à des normes morales, mais contribuerait également à accroître l’instabilité mondiale.
Dans leur déclaration, les élus nordiques ont rappelé leur surprise face à l’implication du cabinet, alertés par des ONG sur le fait que Rud Pedersen assistait le Maroc dans ses efforts de lobbying liés à des accords commerciaux et de pêche controversés avec l’Union européenne (UE). Cette révélation, initialement divulguée par Africa Intelligence, a mis en lumière les liens entre la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le gouvernement marocain, y compris le recrutement de la fille du ministre marocain des Affaires étrangères par Rud Pedersen.
Le cabinet lui-même a reconnu son rôle dans le lobbying sur des questions liées au commerce et à l’agriculture au profit du Maroc, qui est accusé de tenter d’obtenir des accords incluant des ressources du Sahara occidental occupé. Cependant, les eurodéputés rappellent que ni l’UE ni l’ONU ne reconnaissent la légitimité de ces pratiques.
Les eurodéputés ont évoqué une décision clé de la Cour de justice de l’Union européenne du 4 octobre 2024, qui a annulé des accords de pêche et commerciaux avec le Maroc en raison de leur lien avec le Sahara occidental, un territoire classé par l’ONU comme non autonome. Ils insistent sur le fait que les marchandises provenant de territoires occupés ne devraient pas être soumises à des accords commerciaux avec l’UE.
Ils soulignent également que l’occupation prolongée et l’exploitation du Sahara occidental par le Maroc sont illégales, un point que l’ONU a également confirmé. Selon les parlementaires de gauche, ce type de comportement est ce qu’ils rejettent fermement.
Dans un message clair adressé à Rud Pedersen, les eurodéputés ont déclaré que leur représentation des intérêts d’un pouvoir occupé est contraire à la réputation des pays nordiques et à l’éthique en matière de droits de l’homme. Ils ont par conséquent annoncé qu’ils ne rencontreraient plus le cabinet tant que celui-ci défendrait les intérêts du Maroc, que ce soit directement ou indirectement.
Enfin, les députés nordiques ont encouragé leurs collègues du Parlement européen à partager cette position et à adopter une stance similaire. Ils ont affirmé que la présence des défenseurs de l’occupation sur la scène européenne n’est pas souhaitée.
La tension croissante autour du Sahara occidental et des actions du Maroc, en particulier en ce qui concerne les produits issus de cette région, continuera sans doute d’attirer l’attention des instances internationales et des défenseurs des droits de l’homme. Les eurodéputés nordiques affichent ainsi leur détermination à s’opposer à toutes les formes de collaboration qui pourraient être perçues comme une légitimation de l’occupation marocaine.
Ce développement souligne l’importance croissante de la conscience éthique dans les pratiques commerciales et de lobbying, notamment lorsque ces actions touchent des territoires sous occupation. La pression exercée par les parlementaires européens, et tout particulièrement ceux des pays nordiques, pourrait catalyser un changement significatif dans la façon dont l’UE aborde ses relations commerciales avec des pays impliqués dans des violations des droits de l’homme. Le message est clair : toute coopération commerciale qui contourne les principes éthiques fondamentaux et qui contribue à l’exploitation d’une population sous occupation sera fermement rejetée.