Les forêts : bastions de résistance et témoins de l’héroïsme des moudjahidine.

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les forêts, bastion de résistance et témoin de l’héroïsme des moudjahidine

Les forêts algériennes : Symboles de la résistance et de la mémoire collective

Les forêts d’Algérie incarnent l’esprit de la lutte pour l’indépendance, témoignant du courage des femmes et des hommes qui ont combattu pour leur liberté lors de l’un des conflits les plus marquants de l’Histoire contemporaine. Difficiles d’accès et denses, ces forêts ont servi de refuges stratégiques pour les moudjahidine et de corridors pour les armes et les munitions. Sous le pouvoir colonial français, qui a duré plus d’un siècle, elles ont été le théâtre d’une déforestation massive et d’une destruction systématique.

Entre 1830 et 1962, environ 50 % des forêts algériennes ont été éradiquées. Avant la colonisation, le pays avait autour de 5 millions d’hectares de forêts. À l’indépendance, il n’en restait plus que 2,5 millions. Cette perte a été principalement causée par l’exploitation excessive du bois, ainsi que par des incendies intentionnels et le bombardement au napalm dans des efforts pour étouffer la résistance algérienne.

L’administration coloniale française a mis en place des législations restrictives dès 1838, avec des lois permettant l’appropriation des ressources forestières. Par exemple, la loi de 1851 légalisait la confiscation des forêts par l’État français, tandis que des lois ultérieures autorisaient l’expropriation pour utilité publique. Les décrets adoptés dans les années 1860 ont également facilité la privation des droits d’usage des habitants locaux, forçant des centaines de milliers de familles vers l’exode.

Les forêts ont été incendiées comme un outil pour imposer la domination coloniale et réprimer les mouvements de résistance. Entre 1876 et 1962, plus de 3,5 millions d’hectares ont été touchés par des feux, avec des moyennes annuelles alarmantes. Des périodes exceptionnelles de combustion massive ont été enregistrées, notamment en 1881, 1892, 1894, 1902, 1913 et 1919. La guerre de libération elle-même a vu la destruction de 645.414 hectares, avec des pics inquiétants de destruction en 1956.

Aujourd’hui, soixante-dix ans après le début de la Révolution algérienne, les forêts continuent de porter les cicatrices de leur histoire. Elles sont devenues des sites historiques, témoignant non seulement de la lutte pour la liberté, mais aussi de l’héroïsme des moudjahidine. Parmi ces lieux mémorables, les forêts des monts de l’Ouarsenis se distinguent par la bataille de Beni Boustour, tandis qu’à proximité, la bataille d’Aït Yahia Moussa rappelle la bravoure des combattants algériens dans leur quête d’indépendance.

À Lardjem, la bataille de Bab-El-Bekkouche marque un autre chapitre de cette lutte qui a vu des combats acharnés entre les patriotes algériens et les forces coloniales. De même, la forêt de Kimmel, dans les Aurès, rappelle la détermination des moudjahidine lors de la bataille "T’baboucht". Ce sont ces événements qui ont galvanisé le peuple algérien autour de la cause nationale.

À Nemamacha, le site de la bataille d’El Djorf continue d’inspirer avec le souvenir de stratèges algériens qui ont déjoué les plans de la France, incluant leurs efforts pour porter la lutte algérienne sur la scène internationale. Ces forêts ne sont pas seulement des écosystèmes, mais des symboles vivants de résistance, d’héroïsme et d’un profond attachement à la terre.

L’impact de la colonisation sur les forêts algériennes est un reflet des ravages causés par des décennies de domination étrangère. La déforestation massive, les incendies criminels et le déplacement forcé des populations ont profondément affecté l’écosystème et la vie des Algériens. Ces forêts sont plus que de simples espaces naturels; elles portent la mémoire collective d’un peuple qui a lutté pour sa liberté, ses droits et son identité.

En regardant vers l’avenir, il est essentiel de reconnaître et de préserver ces forêts, non seulement pour leur biodiversité et leur richesse naturelle, mais aussi pour leur signification historique. La réhabilitation de ces espaces doit aller de pair avec une revalorisation de leur histoire et des luttes qu’elles ont abritées.

Les forêts algériennes, témoins silencieux des combats acharnés pour l’indépendance, doivent continuer à être célébrées pour leur rôle central dans la mémoire collective nationale. Chaque arbre, chaque chemin de forêt, chaque recoin évoque le souvenir des luttes passées et incarne l’espoir d’un avenir où la liberté et la dignité sont assurées pour tous.

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